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Pour la troisième année, le Cercle de l’Épargne et AMPHITÉA ont interrogé les Français sur la retraite et l’épargne en partenariat avec AG2R LA MONDIALE. Directeur général du Cercle, Philippe Crevel analyse les enseignements de cette enquête et évoque les aspirations des Français en matière de retraite. Très majoritairement persuadés que leur pension est ou sera insuffisante pour vivre correctement, les Français ont intégré la nécessité d’une retraite supplémentaire.
La retraite est un sujet d’autant plus sensible qu’il y a 15 millions de retraités aujourd’hui en France et qu’il y en aura bientôt 20 millions en raison de l’allongement de l’espérance de vie et de la sortie d’activité des enfants du baby-boom. Or pour près des trois-quarts des Français, la pension est ou sera insuffisante pour vivre correctement.
Pour les non-retraités, la proportion est même de 79 % ! Ce résultat, sans appel, traduit non seulement le profond malaise de nos concitoyens en ce qui concerne l’appréciation de leur pouvoir d’achat actuel et à venir, mais aussi leur anxiété vis-à-vis de l’évolution des régimes de retraite. Même si les retraités sont un peu plus optimistes, ils considèrent tout de même pour la moitié d’entre eux que leur pension ne leur suffit pas pour vivre correctement…
Oui, si l’on en croit les projections des spécialistes. Le niveau de vie des retraités est aujourd’hui légèrement supérieur à la moyenne de la population, mais il devrait diminuer. Selon le Conseil d’orientation des retraites, 25 à 26 % des retraités devraient voir leur niveau de vie baisser d’ici 20 ans.
À plus courte échéance, Emmanuel Macron a annoncé une augmentation de la CSG, qui ne devrait toutefois concerner que les retraités les plus aisés.
Pour mémoire, rappelons que les retraités sont, soit exonérés de CSG, soit l’acquittent aux taux réduit de 3,8 % ou de 6,6 %, alors que le taux appliqué aux actifs est de 7,5 %. Pour 39 % des sondés seulement, il faudrait aligner ces taux pour les retraités dont les revenus sont supérieurs au salaire moyen des actifs. Et 49 % sont opposés à tout alignement.
70 % d’entre eux se déclarent favorables à un régime unique de retraite fusionnant public et privé. Ils sont aussi à 61 % pour la suppression des régimes spéciaux.
Ils sont surtout demandeurs de plus d’équité, avec 70 % d’entre eux qui se déclarent favorables à un régime unique de retraite fusionnant public et privé. Ils sont aussi à 61 % pour la suppression des régimes spéciaux. Au-delà de ça, ils rejettent toute réforme paramétrique ce qui est plutôt bien pour Emmanuel Macron qui projette une réforme systémique avec l’introduction d’un régime par points.
Néanmoins, s’ils sont majoritairement contre le report de l’âge de départ, l’augmentation des cotisations et surtout la diminution des pensions, les Français sont à 43 % favorables à une accélération de l’application de la durée de cotisation à 43 ans, laquelle devrait s’appliquer, pour le moment, à la génération 1973.
S’il y a eu autrefois un débat idéologique autour de la retraite supplémentaire, il a vécu. Aujourd’hui, le consensus est politiquement plutôt large : la retraite supplémentaire est indispensable. Mais elle est limitée par la capacité financière des ménages. Il est en effet de plus en plus difficile d’épargner pour sa retraite.
À cause de la stagnation du pouvoir d’achat, à cause de l’augmentation des prélèvements obligatoires, mais aussi à cause des dépenses de plus en plus contraintes ou pré-engagées. Pour ne prendre que l’exemple du logement, il pèse pour plus de 25 % dans le budget des jeunes actifs. Or acquérir sa résidence principale est toujours un objectif majoritairement partagé.
Ce qui d’ailleurs est une manière d’épargner pour sa retraite… Rien d’étonnant donc si le pourcentage de Français déclarant épargner pour améliorer leur retraite diminue depuis deux ans, passant de 57 à 54 % de 2015 à 2017. Nous pouvons noter que la baisse est plus marquée chez ceux qui déclarent épargner régulièrement : 9 % contre 13 % en 2015.
À 40 %, les sondés jugent souhaitable que les régimes à cotisations définies, à prestations définies, ainsi que le PERCO soient encouragés. Avec le cas échant un abondement de l’employeur. Ils sont aussi 36 % à souhaiter que les avantages fiscaux de l’épargne retraite individuelle de type PERP, Préfon, Corem etc… soient maintenus voire renforcés.
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Par : François Coqmur Publié le : 15 janvier 2019